VERTIGE AU PLUS BAS
S’il y a une chose qui m’étonne dans ce monde, c’est comment cet homme a réussi à me cacher sa vraie facette avant notre mariage. Il était tellement doux, respectueux, attentionné. Il écrivait à mes parents, il leur parlait bien de moi, il ne criait jamais, il me gâtait. Petit à petit, une fois que j’étais officiellement « sa » femme, il a commencé à me traiter comme une chose et à ne plus supporter aucune contrariété. J’avais l’impression d’avoir
une autre personne en face de moi. Quand il s’énervait, il devenait très laid et effrayant.
Il ne fallait pas que les enfants pleurent ou que le repas soit en retard. Et si je répondais à ses insultes, il me fonçait dessus. Les fenêtres, je les fermais dès qu’elles étaient ouvertes. Je cachais les couteaux, les fourchettes, même les coussins. Je n’étais jamais tranquille, je dormais à peine. Il me répétait tout le temps qu’il allait me jeter dans le vide, qu’il n’avait pas peur de la prison. Pour lui, ou on est avec lui, ou on est contre lui. Quand mon fils avait quelques mois, il pleurait mais après, à trois ans, il a commencé à s’interposer. Je ne supportais plus de le voir crier et supplier son père de ne pas me faire de mal. Dès que j’entendais les clés dans la porte, j’avais des palpitations au coeur et ça dure encore, même après que je sois partie. Dès que je vois son nom ou j’entends sa voix, je crois mourir.
C, 34 ans